Le pardon

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Le pardon peut être quelque chose de compliqué.

Qu’est-ce que c’est, le pardon ?

Il est important de regarder tous les textes de la Bible qui en parlent.

Par exemple, si on lit Ecclésiaste 3.8, c’est un verset décapant. « Il y a un temps pour haïr » ! Mais ce verset existe, on ne peut pas le supprimer de la Bible… D’un autre côté, il ne faut pas non plus en faire une doctrine… Il en est de même de l’expression « oeil pour oeil » (Exode 21.24) : il s’agit là de la loi humaine (quand quelque chose est réparable, la loi demande que ce soit réparé).

Il faut faire la différence entre les textes qui disent une loi, ou les textes qui sont des circonstances, ou des récits.

Par exemple, David a fait beaucoup de guerres, mais il ne faut pas en déduire que la guerre, c’est bien. Un juged’Israël a sacrifié sa fille, mais cela ne veut pas dire qu’on doive le faire. Ces passages sont des récits, simplement. Par contre, le sermon sur la montagne et les dix commandements sont des principes fondamentaux qui ont été posés.

Il faut voir ce que disent les textes les plus clairs et regarder les plus difficiles à leur lumière.

Ces généralités sont bien sûr valables aussi pour les thèmes autres que le pardon.

Matthieu 18.15-17 ; 21-22 ; Luc 17.3-4

7 est le chiffre parfait. La première leçon que nous donne l’Evangile est qu’il n’y a pas de limite au pardonLe pardon est la base de la vie chrétienne, de l’Evangile. On ne peut pas passer au travers.

On ne tient pas compte de la faute, quand on pardonne. Cela ne veut pas dire qu’on oublie tout.

Psaume 103.12 : Dieu nous pardonne, il oublie nos péchés.

Nous avons été pardonnés. Devant Dieu, nous avons tous péché (déjà contre lui, quand nous étions athées, par exemple). Dieu a voulu faire quelque chose pour que nous ne soyons pas jugés : Jésus est mort à notre place, il a pris sur lui le prix de nos fautes. Si j’accepte ce qu’il a fait, je suis pardonné. Dieu a tout fait pour nous avec Jésus.

Est-ce qu’on l’accepte ? Si oui, le pardon devient un principe dans notre vie chrétienne.

Le pardon implique une faute contre quelqu’un ou contre Dieu. Si on a péché en se détruisant soi-même, Dieu s’attend à ce qu’on lui demande pardon, car nous sommes faits à l’image de Dieu. Dans ce cas, on a péché contre Dieu seul.

Psaume 51.6  David s’aperçoit de sa faute et dit : « J’ai péché contre toi seul. » Or, il a péché contre le soldat Urie et contre la femme de celui-ci, Bath-Shéba. (2 Samuel 11) Mais au bout du compte, tout péché est un péché contre Dieu.

On ne pardonne pas à Dieu car Dieu n’a jamais péché contre nous. (Jacques 1.13).

Si quelqu’un nous fait du mal, on n’a pas à lui demander pardon. (Bien que parfois, à la suite du tort subi, on rumine des pensées contre lui).

Jésus n’a pas toujours tendu l’autre joue : par exemple, lors de son procès (Jean 18.22-23). Il ne faut pas toujours le faire, ça dépend du contexte.

Il ne faut pas non plus être trop susceptible.

Dans la Bible, pécher c’est léser autrui par vol, faux témoignage… C’est attenter gravement à sa personne, physiquement, moralement, spirituellement.

Pardonner est différent de déculpabiliser. Avant de pardonner, il faut au contraire montrer la culpabilité.Matthieu 18.15 : « S’il t’écoute… » ; Luc 17.4 : « S’il le regrette… » Cela indique la repentance. Tu lui pardonnes à condition qu’il le regrette.

Très souvent, les gens ne se rendent pas compte qu’ils ont fait du mal (par exemple, il a fallu qu’un prophète le dise à David). On peut avoir besoin d’aller voir l’autre pour lui dire : « Tu m’as fait du tort. » Le prophète risquait gros, mais il est allé voir David pour le gagner pour qu’il puisse retrouver la communion avec Dieu.

Le chrétien a été pardonné, donc il sait ce que cela veut dire, et il doit être prêt à pardonner. Nous devons pardonner comme Dieu pardonne. Mais il y a une condition : Dieu pardonne quand on se repent. Si l’autre ne se repent pas, on ne peut pas pardonner.

Pardonner n’est pas l’équivalent de se réconcilier. Par exemple, il n’est pas toujours possible de retravailler ensemble après un conflit. Il faut en effet que la relation, la confiance soient rétablies.

Pardonner est un acte d’amour, mais aimer ne veut pas dire pardonner. C’est un acte d’amour parce qu’on décide d’oublier. Aimer n’est pas toujours pardonner. Par exemple, Dieu est amour, mais il ne pardonne pas toujours.

Matthieu 6.14-15 ; 12.31-32

Jean 8.21

Luc 13.3,5 ; 18.14

Il y a pardon s’il y a repentance. La condition pour notre salut, c’est qu’on se repente, qu’on regrette. Cette condition est toujours soulignée.

Luc 13.2-5 24.46-47

Actes 2.38

Mais l’autre peut très bien regretter dans son coeur, se repentir intérieurement sans qu’on le sache. Il peut aussi ne pas savoir qu’il nous a fait du tort. Il y a aussi le cas d’une personne décédée, ou qu’on n’aura plus l’occasion de voir.

1 Corinthiens 6

Il ne faut pas être susceptible. Comme on ne connaît pas le coeur de l’autre, on a une attitude à trouver par rapport à la situation. Par rapport à une injustice, devons-nous être indifférent, demander justice, être en colère ? On doit réagir. Parfois on se tait car l’injustice est faite de telle façon que si on le dit on aura davantage de problèmes. Par exemple, Martin Luther King a réagi contre l’injustice. C’est normal d’être en colère face à l’injustice.

Ephésiens 4.26  : le grec dit : « Mettez-vous en colère« . Mais il ne faut pas que la colère dure, il faut la déposer à Dieu, sinon elle provoquera l’amertume. La colère va nous détruire, nous et les autres. Dieu a dit : « A moi la vengeance et la rétribution. » (Deutéronome 32.35) Si on laisse notre colère faire ce qu’elle a envie de faire, ce sera deux yeux pour un oeil !

Dans le meilleur des cas, quelqu’un nous fait du tort, on va le voir ou il vient nous voir et demande pardon.

Devant un tort, il est important d’avoir déjà lâché prise et d’être prêt à pardonner. Ainsi quand la personne viendra et dira « Je te demande pardon », on sera prêt.

Par exemple, Corrie Ten Boom, dont la soeur est morte dans un camp de concentration, sous ses yeux, prêchait le pardon lors de réunions. Une fois, un ancien nazi qui avait torturé sa soeur est venu vers Corrie Ten Boom lui dire qu’il était maintenant chrétien et lui demander pardon. Elle a été capable de prendre la main qu’il lui tendait et de lui pardonner, parce qu’elle avait lâché prise.

Le pardon, ce n’est pas être prêt à pardonner, ça vient ensuite. Souvent, ce qu’on appelle pardonner, c’est en fait lâcher prise.

Pardonner sans attendre que la personne vienne demander pardon ? On essaie de comprendre. Comprendre, c’est important, comprendre la personne, comparer à ce que nous-mêmes avons fait… même vis-à-vis de gens disparus qui nous ont fait du mal. L’autre est peut-être lui-même victime, débordé par son problème. Comprendre nous permet de prendre du recul. Essayer de comprendre est un moyen de lâcher prise. C’est différent de pardonner, mais on a fait le chemin, et si l’autre vient on sera prêt. Ce sera un pardon libérateur pour lui et pour nous.

Quand on dit : « Je te pardonne », il faut que ce soit un pardon vrai, on ne tient plus rigueur, comme Dieu. C’est comme si on oubliait.

On doit toujours être prêt à pardonner quand les gens regrettent. Matthieu 6.12 ; 14-15.  Luc  6.37. Le pardon est la base de l’Evangile, de la vie chrétienne.

Luc 17.1-5 ; Matthieu 18.15-22

Il y a une condition : que la personne se repente.

Luc 24.47 Après l’annonce de la bonne nouvelle vient la repentance, qui va donner lieu au pardon.

Luc 12.10 ; Matthieu 12.32 ; Marc 3.29 ; Hébreux 6.4-10 ; 10.26-29

Il y a des choses qui ne sont pas pardonnables. Lorsqu’il est question du blasphème contre le Saint-Esprit, il ne faut pas s’inquiéter, ni se poser la question si oui ou non on l’a fait. En effet, si on l’a fait on est arrivé à un tel point qu’on a tout renié et on ne se pose même plus la question.

Ephésiens 4.32 ; Colossiens 3.13

  Nous devons pardonner de la même façon que Christ nous a pardonnés. Dieu pardonne tous les péchés si on se repent (sauf le blasphème, mais c’est quelque chose de très à part : on ne se repent plus).  

Jean 3.36 Dieu pardonne toujours quand on se repent. On ne peut pas faire mieux que Dieu. Le pardon vient après la repentance.

Si on a été blessé par quelqu’un on a à faire un cheminement intérieur pour être prêt à pardonner. Quand peut-être un jour la personne viendra, on sera prêt à pardonner.

On confond souvent le pardon et le fait d’être prêt à pardonner.

La différence entre le pardon et être prêt à pardonner, c’est la justice. Dieu va pardonner le jour où on accepte que sa justice soit sur nous. Selon sa justice, on devrait être condamnés. Mais Dieu est prêt à nous pardonner parce qu’il nous aime. Il a envoyé Jésus. A partir du moment où on accepte la condamnation prise par Jésus, la justice tombe sur Jésus. Quelqu’un nous fait du mal, donc il doit y avoir une punition. Si la personne ne regrette pas ce mal, il est toujours là. Si elle regrette, ce que Jésus a fait devient quelque chose de vrai. La personne reconnaît qu’elle a été injuste, donc la justice commence à se passer.

Quand la personne est décédée et ne peut donc nous demander pardon, ça ne nous appartient plus. On peut imaginer qu’elle pourrait revenir aujourd’hui… est-ce qu’on serait prêt à pardonner ? Si on a fait ce chemin c’est nous qui serons libres. Si on est prêt à pardonner, on est libéré, ce n’est plus notre problème, on l’a lâché, il n’y a plus d’amertume. L’essentiel c’est qu’il y ait un déblocage qui se passe dans nos coeurs.

Le jour où la personne qui n’a pas demandé pardon va se retrouver devant Dieu, Dieu va lui ressortir tout cela car du tort a été fait, donc une justice doit passer. Un jour ou l’autre, cette personne devra rendre des comptes. Mais peut-être aussi que la personne regrette intérieurement sans qu’on le sache.

Quelqu’un nous fait du tort, on a envie de pardonner et on n’y arrive pasC’est culpabilisant. En plus de l’amertume qui est dans notre coeur, on a cette culpabilité, alors qu’on est déjà victime !  Dans ce cas, si on explique à la victime qu’elle doit lâcher prise mais que la dette est toujours là, qu’on ne raye donc pas d’un trait l’injustice, ce sera plus facile pour elle.

Si on a fait du tort à quelqu’un, qu’on va demander pardon, et que la personne refuse de nous pardonner, on a fait notre part. Après ça ne nous appartient plus, on ne peut rien faire de plus. Par contre, s’il y a des dégâts qu’on peut réparer, il faut le faire. Si on ne propose pas de le faire, ça montre qu’on n’est pas vraiment repentant.

On devrait toujours être les premiers à aller et à demander pardon, cela fait partie du témoignage si nous sommes face à une personne non-chrétienne.

Quand on a été blessé, on a l’offensé et l’offenseur qui ont un cheminement à faire dans leur coeur. Le Seigneur sait qu’on est des êtres humains et qu’on en veut à la personne. Il faut savoir qu’on ne nous demande pas de pardonner, la justice passera (peut-être que la justice humaine ne nous donnera pas raison), il faut choisir de remettre cela à Dieu (qui a dit : « A moi la vengeance et la rétribution. » Deutéronome 32.35). (Il y a aussi plein de choses dont il ne faut pas exagérer l’importance, qui sont un drame pour certains et rien du tout pour d’autres. On ne parle pas ici des choses sans conséquences).

Nos mauvaises actions et pensées viennent du coeur. Il faut en profiter pour un changement intérieur, être prêt à pardonner. Cela peut prendre peu de temps ou des mois, selon le mal qu’on nous a fait. Ce n’est pas toujours évident de le faire rapidement. Par exemple, il a fallu 20 ans à Esaü avant qu’il pardonne à Jacob. Joseph a testé ses frères pour savoir s’ils étaient repentants. Leur première parole avait été : « Nous sommes des hommes honnêtes », alors qu’ils avaient voulu tuer Joseph ! Joseph leur a pardonné car il a vu qu’ils étaient vraiment repentants. Pendant toutes ces années, il y a eu un cheminement intérieur chez les frères et chez Joseph.

L’offenseur doit changer son coeur, se demander « Pourquoi est-ce que je l’ai blessé ? » « Comment j’aurais réagi si on m’avait fait la même chose ? » Le blessé doit remettre sa blessure et tout ce qui s’y rattache à Dieu, chaque fois que ça revient, dire : « C’est toi qu es le juge, qui feras justice. »

Il faut arriver à cette attitude d’être prêt à pardonner et savoir que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Joseph était esclave, s’est retrouvé en prison. Mais plusieurs fois il est dit que « l’Eternel était avec Joseph et tout ce qu’il faisait réussissait ». Dieu ne provoque pas le mal. Quand le mal est là, il fait en sorte que ça tourne à notre avantage. Même d’un mal, Dieu va savoir tirer un bien, après coup.

La meilleure des choses à faire est de demander la présence de Dieu dans notre vie, qui va apaiser nos craintes, enlever notre amertume. Quand on verra l’amour de Dieu on ne sera plus focalisé sur ce qui nous a fait du mal, mais sur Dieu qui nous fait du bien.

Il y a des blessures lourdes et profondes qu’on gardera toute notre vie, mais il faut être violent pour faire ce chemin car plus on tarde plus ça nous fait du mal. Ça peut revenir : un événement va nous le rappeler, par exemple. Alors il faut de nouveau remettre les choses à Dieu ; mais si on l’a déjà fait une fois, c’est plus facile après.

Le pardon est une chose, mais ce qui est essentiel, c’est de lâcher prise, se libérer du fardeau, de la haine, et donner ça à Dieu. Le Seigneur sait que ce n’est pas facile.

Dans la parabole du pharisien et du publicain, c’est plutôt le publicain qui va repartir rendu juste par Dieu. Il faut reconnaître qu’on en veut à telle ou telle personne et demander à Dieu qu’il n’y ait pas de racines d’amertume qu grandissent.

1 Corinthiens 11.27-29 

Ce verset ne dit pas : « Si tu vois que ça ne va pas dans ton coeur, tu es indigne », mais « Examinez-vous, et ainsi mangez… » Il s’agit de tout remettre au Seigneur, de lui dire « je veux progresser », et donc on pourra prendre le repas. L’erreur serait de ne pas s’examiner.

Souvent on nie le tort, et donc la personne. Mais si cette personne a conscience qu’elle peut être libérée et qu’un jour justice sera faite, c’est plus facile. Il y a des cas où la justice humaine doit passer, quand une personne reconnaît ses torts, a changé intérieurement ; elle paye ses dettes devant la société.

« Aimez vos ennemis » ne veut pas dire pardonner à tout le monde. Aimer, c’est prendre l’autre en considération comme une personne, ne pas s’amuser à lui faire du tort même si lui m’en fait.

 

Christian De La Roque