Introduction sur les spiritualités protestantes

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L’histoire de la chrétienté, caricaturalement, et les différentes spiritualités peuvent se résumer en trois mots :

Perdu puis retrouvé

Dieu et la Parole de Dieu existent depuis toujours. Ce qu’on peut trouver comme spiritualité est là depuis toujours. Si nous découvrons quelque chose de Dieu dans l’Ecriture, en fait cela existait déjà.

Il y a eu des pertes :

– Perte des ministères : au départ, il y en avait cinq. Peu à peu l’Eglise s’est construite et les a perdus.

– Aux 2ème et 3ème siècles, les charismes ont été perdus.

– Au 4ème siècle, sous Constantin, la séparation de l’Eglise et de l’Etat cesse.

– Au 6ème siècle, on a perdu le salut par la foi. La tradition a pris le pas sur l’Ecriture seule.

A la Réforme, la façon d’appréhender Dieu change.

Il y a eu différents mouvements historiques.

Le verset-clé de la Réforme, c’est Romains 1.17 : « Le juste vivra par la foi. »

Deux personnalités principales : Luther et Calvin

LUTHER (1483-1546)

Moine augustin, professeur de théologie. Il va présenter une spiritualité, donner naissance au protestantisme.

Brillant, intelligent, tout lui réussit, extérieurement parlant. Mais il vit un drame intérieur terrible : plus il avance dans sa « carrière » de moine, plus il se rend compte qu’il est pécheur, face à un Dieu « terrible ». Il recherche la compréhension du texte biblique, s’impose des privations… Il enseigne, entre autres, l’épître aux Romains.

Là, Luther va comprendre qu’il est rendu juste par la foi. Il va passer de l’angoisse qui le tenaillait (due à la peur du jugement de Dieu) à la paix, à la foi, à une force intérieure puisée dans la prière.

En 1517, Luther affiche ses Déclarations.

Dans la Réforme, on trouve quatre « refrains » :

– Christ seul

– La grâce seule

– La foi seule

– L’Ecriture seule

Tout est centré sur Christ. La relation directe avec Dieu est retrouvée, relation qui implique la vie entière et concerne tous les hommes.

Le lieu de connaissance de Dieu était devenu le monastère, à l’époque, car sous Constantin tout le monde était chrétien, qu’on soit croyant ou non.

Avec Gütenberg, la Bible est diffusée, mise à portée de tous.

Dieu nous interpelle au travers de sa Parole.

Luther se limitait à l’Evangile, il avait une piété très christocentrique.

CALVIN (1509-1564)

Il est très différent de Luther. Calvin et Luther sont presque comme « l’eau et le feu ».

Luther était prédestiné à devenir juriste, il est devenu moine. A l’inverse, Calvin devient juriste alors qu’il était prédestiné à devenir moine.

Calvin est très brillant. Il ne vit pas l’angoisse de Luther, mais se rend compte qu’il a offensé Dieu par son péché.

Calvin va voir la grandeur de Dieu, il va vivre le même genre de conversion que Luther.

Il écrit « L’institution Chrétienne » en français. Le français était à peine fixé à l’époque, et va s’affirmer grâce à cet ouvrage.

Les « refrains » de Calvin :

– « A Dieu seul la gloire« 

– « Le péché de l’homme et la gloire de Dieu« 

Toute chose, tout lieu, deviennent sacrés. L’ensemble de la vie est sacralisé.

Pour Luther et Calvin, la prière est essentielle.

Dans la prière de Calvin, il y a beaucoup plus de solennité. La prédestination n’empêche pas la prière, qui nous prépare à recevoir les bénédictions de Dieu. Il y a un grand respect de Dieu, et une insistance sur l’indignité de l’homme (on est petit, on n’est rien…). La prière commence par la repentance. (Aujourd’hui encore, il y a un temps de repentance durant le culte dans l’Eglise réformée).

On prie parce que Dieu nous le demande, et on ne le limte pas dans sa réponse.

Luther montre sa pratique de la prière, Calvin l’enseigne.

La Réforme a été un réveil spirituel en France. En Angleterre, c’était plutôt une réforme politique : Henri VIII veut divorcer de son épouse, le pape n’est pas d’accord, alors le roi l’ignore… Il y a des luttes de pouvoir pour que l’Eglise Anglicane penche vers la Réforme ou le catholicisme.

La Réforme radicale concerne tous ceux qui veulent aller plus loin dans la Réforme. Zwingli, par exemple, juge que tout ce qui n’est pas enseigné dans l’Ecriture doit être balayé.

De petits groupes vont plus loin, considérant que l’Eglise doit être séparée de l’Etat ; ils baptisent seulement les croyants. Certains refusent la violence.

La Réforme radicale est axée sur le « Sermon sur la montagne ». La liberté de conscience est retrouvée avec le baptême des croyants (on n’est, en effet, plus obligé de se faire baptiser).

Il y a une culture communautaire indépendante de l’Etat, une communauté de vie avec parfois une démocratie interne.

Ces groupes avaient une confiance absolue en Dieu dans un monde violent. (Ils étaient obligés de se confier en Dieu seul, puisqu’ils refusaient la violence). Beaucoup se sont faits massacrer par les catholiques et les protestants. Ceux qui ont pu ont émigré aux U.S.A, en Angleterre, en Suède, en Autriche, en Suisse.

On les a appelés anabaptistes (les ménnonites en sont issus).

« Crains Dieu et n’aie pas peur ».

Il s’agissait d’aimer ses ennemis et certains refusaient de payer les impôts pour la guerre.

La crainte de Dieu implique de se montrer loyal envers lui (obéissance et repentance).

La foi se vit en privé, mais aussi communautairement.

Une place est faite à la souffrance : ces gens savent que leur vie tient à un fil. Ils vivent ces trois réalités :

Baptême de l’Esprit (intérieur)

Baptême d’eau

Baptême de sang (la souffrance n’est pas inconnue).

Il y a beaucoup de discipline dans la prière et la lecture de la Bible.

La prière communautaire est quelque chose de nouveau (c’est différent de la messe, où il n’y a pas de place pour cela).

Les différentes spiritualités vont devenir très formelles, surtout dans l’Eglise Anglicane.

Au cours des siècles, il y a eu plusieurs réveils.

Au XVIIe siècle, les puritains (qui sortent de l’Eglise Anglicane) veulent une réforme plus radicale.

Les anabaptistes et les puritains vont former les baptistes.

En 1660, avec le retour de la royauté, les puritains sont persécutés.

Ce réveil va influencer d’autres réveils et d’autres continents.

Le réveil morave (1717-1817) : persécutés, ces chrétiens se sont retrouvés en Tchécoslovaquie. Accueillis par le comte Zinzendorf, ils font une chaîne de prière dans le village, 24h/24, qui va durer cent ans. 3000 missionnaires ont été envoyés dans le monde entier. Les moraves composaient des chants qui ont été très populaires dans toute l’Europe. Il y a eu des groupes un peu partout.

XVIIIe siècle : on a des hommes comme Jonathan EdwardsJohn et Charles WesleyGeorge Whitefield, qui ont travaillé ensemble.

George Whitefield est appelé : « Le troisième réformateur », « L’apôtre des foules », « Le pasteur des pauvres ».

Ce sont des méthodistes. Ils se séparent de l’Eglise Anglicane.

Toute l’identité évangélique est puisée de George Whitefield.

Ces hommes prêchent dans la rue, appellent à la conversion. Ils bouleversent l’Angleterre. La piété se répand.

L’Amérique est touchée par ce réveil, caractérisé par :

– La conversion.

– L’expérience de Dieu.

– Une pratique qui correspond à la foi.

Ils se réfèrent à Luther et Calvin. C’est une redécouverte de quelque chose qui avait été perdu.

En Allemagne, il y a aussi un réveil, à travers Spener , qui a écrit « Les pieux désirs ». Pour lui, quand on est en prière, il faut regarder notre situation actuelle, voir ce qu’elle devrait être, et trouver des propositions pour progresser.

XIXe siècle : il y a des ruptures dans la société, entre les états et les religions. On assiste aussi à une montée des théories : doctrine de l’évolution, marxisme… C’est un moment de bouleversement dans la foi chrétienne.

Et pourtant, on voit des missions dans tous les pays. Les protestants se soucient de donner la Parole de Dieu dans la langue natale de la personne.

Le réveil méthodiste continue. On a aussi le réveil de Genève, celui des Vaudois.

Pierre Valdo a eu une conversion radicale, il a tout donné aux pauvres et a commencé à prêcher l’Evangile vers 1270.

Les Vaudois sont persécutés. Ils ont perduré jusqu’à la Réforme, à laquelle ils se sont rattachés.

Autres personnalités : Félix NeffCarles SpurgeonCharles Finney (aux U.S.A).

Les écoles du dimanche débutent, on instruit les enfants dans la Parole de Dieu et on leur apprend aussi à lire et écrire.

Il y a une action dans la société, avec L’armée du Salut (William Booth, issu du réveil méthodiste).

George Müller ouvre des orphelinats, Wilberforce lutte contre l’esclavage et meurt l’année où l’Angleterre l’interdit.

On a aussi des réveils au Pays de Galles.

XXe siècle : les derniers réveils, pentecôtiste et charismatique.

Le réveil de Pentecôte débute en 1901.

En 1905, au Kansas, Charles Parham et William Seymour (noir américain) fondent une « mini » école biblique. Ils sont quarante et étudient les Écritures. William Seymour, interdit de cours parce qu’il n’est pas blanc, écoute dans le vestibule !

Le baptême dans l’Esprit est vécu.

Calvin et Luther s’y opposaient à cause des abus (signes miraculeux, visions, transes dans l’église catholique).

Les revivalistes ont vécu des expériences extraordinaires (baptême de l’Esprit, appelé encore deuxième bénédiction). (Hudson Taylor aussi a vécu ce baptême dans l’Esprit).

Ces quarante personnes cherchent Dieu, et William Seymour va vivre cette expérience (parler en langues, prophéties).

En 1906 Seymour fonde la première église pentecôtiste.

Aujourd’hui les pentecôtistes représentent plus de la moitié des protestants.

De 1906 à 1968 ce mouvement sera en dehors des églises établies.

A partir de 1968, le réveil charismatique va toucher beaucoup d’églises. L’église catholique va l’accueillir, mais pas l’église Réformée.

Qu’est-ce que ça change dans la vie des croyants ?

Les dons de l’Esprit sont pour tous. Il y a une reconnaissance de Dieu par la personne qui est la même pour tous.

le Saint-Esprit donne une sanctification intérieure et une force accordée à tout chrétien en vue de parler de l’Evangile, ou en vue d’un service autre.

Des réveils ont encore lieu : Reinhard Bonnke, dont la devise est de « Prêcher l’Evangile du Cap au Caire ». C’est l’évangélisation de masse.

Il y a cinquante ans, il n’y avait presque pas de chrétiens en Corée du sud, maintenant ils sont 30%.

Albert Schweitzer, au Brésil, caractérisé par l’orthodoxie et le fondamentalisme évangélique.

Que nous apportent les spiritualités protestantes ?

La prière, qui implique la louange, les fautes à confesser (voir Calvin), les remerciements, la prière pour les autres, notre famille, nous-mêmes.

Pour Billy Graham, c’est un rendez-vous personnel avec Dieu.

Gaston Ramseyer est un réformé qui est devenu charismatique.

La spiritualité protestante s’est plutôt affirmée chez les évangéliques.

Six principes

– La conversion : changement intérieur qui se voit à l’extérieur. Une relation directe avec Dieu.

– Une spiritualité basée sur la Bible prise comme Parole de Dieu.

– Une spiritualité centrée sur Christ. Tout doit revenir à Jésus-Christ : voir Luther. Pour Calvin, l’Ancien Testament était compris en intégrant l’oeuvre de Jésus-Christ.

– La sanctification, que les différents réveils vont souligner. Luther a toujours regretté que la foi de ses administrés ne soit pas comme il l’aurait voulue.

La grâce, le Saint-Esprit, le baptême de l’Esprit sont donnés pour la sanctification. C’est une expérience vivante.

– Le partage de l’Evangile, le souci du salut pour les autres (Billy Graham pour l’Evangile, Al Gore pour l’écologie).

– La nécessité de recevoir le Saint-Esprit et sa force.

CONCLUSION

Puisons dans notre trésor ancien et nouveau et inventons.

Selon l’image qu’on a de Dieu, on aura une spiritualité ou une autre.

On ne connaît pas Dieu (ou juste un peu) ; il y a un océan à explorer devant nous.

1 Thessaloniciens 5.17
« Priez sans cesse. »

1 Thessaloniciens 5.19-21
« N’empêchez pas l’Esprit de vous éclairer : ne méprisez pas les prophéties ; au contraire, examinez toutes choses, retenez ce qui est bon… »

 

Christian De La Roque