Psaume 139
Ce psaume peut être divisé en quatre parties :
– v.1-12 : Dieu est omniprésent, omniscient, omnipotent. Il nous scrute, sait tout de nous. C’est le Dieu du cosmos, des dimensions infinies, des grands espaces. Dans ce grand espace se trouve l’homme, un peu ballotté, incertain, comme en train d’essayer de fuir Dieu. Mais quand l’homme sera dans les ténèbres, il va découvrir la relation avec son Dieu.
– v.13-18 : L’homme découvre qu’il est la création de Dieu et est aimé de Lui.
– v.19-22 : C’est le combat spirituel.
– v.23-24 : Le désir qui ressort de mon coeur : émonder les choses impures, être conduit par le Seigneur, m’offrir à Dieu en réponse à tout ce qu’il fait pour moi.
1 v.1-12
Dieu est partout dans les grands espaces, l’immensité. La question sous-jacente est celle-ci : est-ce que l’homme fuit Dieu en vain et faut-il se laisser saisir par le Seigneur ? En effet, Dieu connaît tout de lui et le poursuit.
Dieu peut être vécu comme une menace pour celui qui le fuit, le refuse. (« Où aller pour ne plus t’avoir sur le dos ? »). La personne se sent prisonnière, étouffée et veut fuir.
L’oeil de Dieu est comme un oeil de caméra devant lequel on a l’impression de ne plus être libre. Dieu voit tout, lit dans nos pensées. Cela peut être rassurant, mais c’est angoissant, par contre, si l’image que nous avons de Dieu n’est pas juste. Adam s’est caché après avoir péché : il avait peur de Dieu. Jonas aussi voulait fuir Dieu, être le plus loin possible de lui. Mais une fois dans les ténèbres, dans le ventre du poisson, il s’est mis à crier à Dieu.
Les épisodes de ténèbres où nous refusons Dieu, n’ avons pas envie de le prier, peuvent être des occasions de découvrir Dieu et nous-mêmes autrement, de lui reparler comme à un ami. Ces ténèbres peuvent être l’espace, le temps d’une rencontre avec Dieu. L’aurore arrive par l’intervention de Dieu (v.11).
Nous pouvons, d’un autre côté, voir ces versets avec une attitude de confiance : rien ne peut nous séparer de la présence de Dieu. Cela nous rassure, on se sent entouré de lui, il n’est jamais loin de nous. Il est présent dans notre quotidien le plus simple, même dans nos rêves. Cette constatation entraîne le repos de mon âme, la paix.
Je n’ai pas besoin d’être quelqu’un d’autre pour être rejoint par Dieu, mais moi-même avec mes imperfections, mes doutes, mes qualités et mes défauts.
« Tu mets ta main sur moi » (v.5) : est-ce une main qui m’étouffe, me serre, ou une main qui me porte, me soutient, me rassure et me guérit ?
Pour voir la main de Dieu, il faut regarder les mains de Jésus, voir ce qu’elles ont provoqué sur la terre. Jésus a touché le lépreux et celui-ci a été guéri. Regardons aussi les mains du père du fils prodigue.
Comment posons-nous nos mains sur les autres ? Sur Dieu ? Est-ce que nous essayons de saisir les autres ou de leur faire du bien ?
2 v.13-18
C’est la redécouverte de Dieu, une autre dimension du texte. Ici nous voyons un petit embryon humain. On passe de l’infiniment grand à la découverte que Dieu est mon créateur. C’est comme la Genèse : une masse informe a été façonnée. Dieu nous a voulus, construits, aimés bien avant que nous soyons là. Nous pourrions ajouter : « Et Dieu vit que cela était bon. »
Nous pouvons lire dans notre vie toute la bienveillance et la fidélité de Dieu envers nous, malgré nos souvenirs pénibles qui provoquent une difficulté à se recevoir comme bienvenu de Dieu, à recevoir tout notre être (physique, psychique) comme venant de lui. Tel que je suis, j’existe aux yeux de Dieu.
Le texte du verset 14 est parfois dur à dire, quand nous nous regardons avec notre propre regard. Il faut le dire sous le regard de Dieu, avec la certitude que Dieu nous veut et nous aime. Beaucoup, à cause de leur histoire, ne pourront pas reprendre à leur compte ce verset. Il faut demander à Dieu de pouvoir être guéri pour le dire. Alors un chemin de guérison se profile : des ténèbres, nous passons à l’aube du jour.
3 v.19-22
Ces versets nous paraissent assez violents. On s’est découvert comme aimé, voulu de Dieu, puis on bascule dans la haine des ennemis.
Comment demeurer dans l’amour créateur de Dieu, qui fait jaillir en nous l’amour ?
Plus je découvre cette présence de Dieu, plus je désire qu’elle grandisse en moi, et plus je prends conscience du combat à mener pour ne pas la laisser se pervertir par les doutes…
La réalité, c’est qu’il y a plein d’ennemis. Pour conserver cette relation d’amour avec Dieu, il faut identifier les ennemis de Dieu, les nommer.
Ce qui vient à l’esprit, ce sont les ennemis extérieurs, par exemple ceux qui persécutent l’Eglise. Mais Jésus nous demande de les aimer. « Aimez vos ennemis » (Matthieu 5.44).
Dans ce psaume, comme dans l’Ancien Testament dans son ensemble, c’était « Oeil pour oeil, dent pour dent » (Exode 21.24). Mais Jésus nous a appris à aimer nos ennemis et haïr le péché dans la société (injustice…) et en nous. Nous pouvons répertorier les ennemis intimes qui sont en nous et nous font nous détourner de Dieu : le doute, le péché, l’incrédulité… Haïr les ennemis de notre âme, les prendre en dégoût, c’est une conversion qui nous est proposée chaque jour de nos vies. Nous devons prendre de bonnes décisions, ne pas nous laisser asservir, ou servir deux maîtres à la fois.
Ayons l’humilité de reconnaître notre péché sans pour autant nous condamner, mais voir le péché sous le regard d’amour de Dieu, qui reste intact pour le pécheur que je suis. Ayons pour nous-mêmes l’indulgence et le pardon que Dieu a.
Alors le combat spirituel devient possible. On peut chasser ses ennemis et inviter Dieu à venir.
4 v.23-24
Le psalmiste demande à Dieu de purifier son désir, d’être émondé. Reconnaissons l’amour de Dieu, entrons dans le combat spirituel et demandons à Dieu de faire le tri en nous. Voir Jean 15.2 : le cep et les sarments.
Disons à Dieu : « Regarde si je suis bien attaché au cep ». Exprimons un « Oui » à la vie que Dieu nous a donnée, nous donne aujourd’hui et nous donnera encore demain. Je peux venir à Dieu tel que je suis.
Pour demeurer dans cette belle relation, décider de combattre le bon combat, de faire le tri entre les bonnes choses et celles qui nous laissent un goût d’amertume.
Chérissons la grâce que nous donne le Seigneur de nous savoir aimés, émondés par son amour qui nous accompagne.