La foi d’une non-juive

Catégories : Paroles de dimanches

Matthieu 15.21-28

La scène se situe au nord de la Galilée, actuellement le Liban. C’est une région montagneuse.

Jésus a l’habitude de se retirer, d’avoir des moments de retraite pour écouter Dieu, relire les événements qui viennent de se passer… Il se prépare à sa mission de mourir pour nous. Ce sont des choses très intenses pour lui. Nous aussi, dans notre vie quotidienne, nous avons besoin de faire le bilan de la journée, pour mieux envisager le lendemain.

Jésus sort du territoire hébreu, il veut se reposer un peu.

Mais une femme païenne vient et crie. Jésus était dans un climat de calme qui a été interrompu par ce cri.

v.23 : Jésus ne répond pas. Les disciples se disent :  » on est ici pour se reposer, et une perturbatrice arrive ! » Ils demandent à Jésus de la chasser.

v.24 : Jésus ne chasse pas la femme mais lui dit une parole dure à entendre. Cette parole heurte l’idée qu’on se fait de l’amour de Dieu.

La mission de Jésus, c’était de sauver les pécheurs perdus d’Israël. Jésus est un homme d’environ 30 ans qui a été élevé dans la culture juive. Israël était le peuple élu de Dieu, et Jésus est d’abord là pour le salut d’Israël.

Pourtant dans les Évangiles on voit Jésus qui sort de Galilée et de Judée (qui symbolisent la terre d’Israël).

Par exemple, il traverse la Samarie (Jean 4). Dans la décapole, il rencontre des païens. A chaque fois ces rencontres produisent quelque chose.

Donc Jésus ne rejette pas la femme, ni le dialogue. Mais il recadre sa mission : il n’est pas là pour faire ce qu’il a envie et répondre à toutes les demandes, mais pour accomplir la volonté de Son Père.

Nous avons souvent l’image d’un Dieu si aimant qu’il devient un distributeur automatique de grâce. Et pourtant la réponse à nos prières n’est pas forcément immédiate, parce que Dieu a quelque chose à nous enseigner, par amour pour nous.

v.25 : La femme insiste,mue par un désir : la guérison de sa fille. Elle est folle de désespoir, et en même temps d’espoir que Jésus puisse faire quelque chose.

Elle crie, hurle, gesticule. Elle entend Jésus dire non, mais elle ne s’en va pas déçue, elle ne se ferme pas. Elle se prosterne.

v.26 : la réponse paraît cinglante. Jésus ne voulait pas révéler la miséricorde de Dieu à des gens qui se proclamaient païens.

v. 27 : Le Seigneur lui a dit : « Je ne te donne pas ce qui est pour les enfants d’Israël, tu n’as pas le droit au bon pain. »

La femme dit : « oui, c’est vrai ». Elle l’accepte.

Elle est intelligente, elle argumente avec Jésus, mais elle ne critique pas, en disant ; « ce n’est pas juste ». Elle veut bien être ce petit chien pour avoir une petite part de bénédiction. Image de l’humilité : le chien couché sous la table, qui attend le bon vouloir de son maître.

Deux questions peuvent nous venir à l’esprit :

– Dieu trouve-t-il plaisir à humilier celui qui est devant lui avant de l’exaucer ?

– Est-il nécessaire de devenir humble avant de demander quelque chose à Dieu ?

Nous savons que Dieu ne cherche pas à nous humilier. C’est en effet Dieu qui s’humilie le premier : Jésus est « doux et humble de coeur » (Matthieu 11.29). Il a lavé les pieds de ses disciples.

Phil. 2.5-8 : Jésus s’abaisse jusqu’à nous.

v.28 : dénouement du dialogue. Jésus reconnaît la foi de cette femme. Il est conquis. C’est une foi plus grande que celle de certains israélites.

Dans cette retraite au Liban, Jésus a appris beaucoup de choses. Il a découvert la foi de cette femme et a donc vu la grâce déployée pour le monde entier.

Jésus s’est laissé toucher par cette femme : cela montre l’humilité de Jésus, qui accepte de reconnaître la réalité de la foi chez l’étranger.

La femme montre de l’espérance pour sa fille, de la ténacité, de l’humilité.

Elle crie, hurle, dérange. Elle entre en contact avec Jésus qui ne répond pas immédiatement mais lui fait travailler son désir. Alors elle change d’attitude, elle est beaucoup plus humble.

Ce texte nous invite à nous dire : « est-ce que j’ai la liberté de crier à Dieu ? » N’étouffons pas ces cris dans nos coeurs, le Seigneur nous encourage à crier à lui si nous sommes désespérés.

Si la réponse ne vient pas tout de suite, sommes-nous déçus ? Ou y voyons-nous une pédagogie de Dieu : exhortation à la foi, la ténacité, à engager un dialogue avec Lui à travers sa Parole et la prière ?

Ce dialogue peut nous recadrer vers un chemin d’humilité, peut-être demander les miettes mais avec un grand désir, une grande attente. Ce désir va s’affiner, se recentrer sur quelque chose de plus pur, de plus humble.

C’est un dialogue qui se crée tout au long de notre vie avec Dieu. Nous crions, et peu à peu le Seigneur nous répond. Puis d’autres difficultés arrivent et nous recommençons…

Avant de crier, prenons l’habitude d’être à l’écoute du Seigneur, faisons des pauses, voyons où nous en sommes et ce que nous désirons vraiment.