L’ascension de Jésus

Catégories : Paroles de dimanches

Actes 1.4-5, 8-16 ; Luc 24.45-53 ; Marc 16.15-20
(Dans Marc, il y a un raccourci : Jésus est enlevé, et les apôtres partent prêcher).

On peut essayer d’imaginer tout ce que les disciples ont vécu. Ils ont passé trois ans avec Jésus, ils ont vu des choses extraordinaires, puis terribles : Jésus accusé, condamné, qui meurt sur une croix. C’était le désespoir, car ils voyaient en Jésus un messie glorieux qui allait chasser les romains.
Quelques jours après sa mort, apparemment Jésus est ressuscité… Au départ, il n’y a pas d’explosion de joie, mais c’est l’incrédulité qui domine : « Quelques-uns eurent des doutes » (Matthieu 28.17).

Jésus leur confie une mission extraordinaire ( comme il nous en confie une, à nous aussi qui avons des doutes !)
La mort de Jésus, le suicide de Judas, le reniement de Pierre avaient été des choses terribles.
Pendant les 40 jours suivant la résurrection de Jésus, les disciples reprennent confiance. Mais ce sont des moments étranges qu’ils vivent : Jésus se montre, puis disparaît.
Puis tout à coup il les rassemble et il « s’envole » !
Mais Jésus leur avait dit des choses très claires (Actes 1.4).

Il y a beaucoup de contrastes et de paradoxes. Voici quelques exemples :

– Jésus parle à ses disciples, il est un mort ressuscité, c’est incroyable !
– Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu.
– Dieu a créé la loi de la gravité, et pourtant Jésus monte au ciel !
– Dans l’un de ses tableaux, Rembrandt montre le récit de l’ascension. On voit Jésus éclairé, et les disciples dans l’obscurité, ils restent dans les ténèbres de la terre. (Contraste).
– Dieu un en trois.
– Dieu à la fois infini et personnel.
– Jésus est dans le ciel (Marc 16.19), à la droite de Dieu. Mais il est aussi sur la terre (Marc 16.20). Il travaille avec les disciples.
– Jésus est le pain qui descend du ciel (Jean 6.33). Le pain qui rassasie vraiment repart au ciel, on ne va plus être comblés par lui, apparemment.

C’est un peu la même chose dans notre vie chrétienne, il y a des paradoxes. Les choses qui nous tiraillent viennent de ces paradoxes.
Nous qui sommes mortels sommes appelés à ressusciter. La condition, c’est de croire en Jésus, qui a payé le prix pour que nos péchés soient effacés. Il y a un grand contraste. Quand nous serons confrontés à la mort, regarderons-nous plutôt la mort, ou la résurrection qui nous attend ?

Le Saint-Esprit habite en nous. C’est Dieu en nous, nous qui ne sommes que des êtres humains, des créatures.
Si nous accueillons Dieu dans notre vie, nous sommes porteurs de Dieu. Nous sommes des vases d’argile portant un trésor (1 Corinthiens 4.7). C’est extraordinaire, ce n’est pas gérable !

Jésus était d’ici (sur terre) et d’en haut (il faisait ce que le Père faisait). Nous sommes aussi d’ici et d’en haut.

Ephésiens 2.6
« Il nous a réveillés ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ »

Nous sommes de la terre, et en même temps assis avec Christ au ciel.
Nous sommes dans ce monde mais nous ne lui appartenons pas, nous ne sommes pas de ce monde. Nous sommes « étrangers et voyageurs » sur cette terre.
Nous vivons déjà en partie dans le royaume céleste.

Cela nous tiraille dans nos vies.
Si nous vivons comme si nous étions de ce monde, citoyens du monde, nous nous trompons d’objectif, de vie.
Nous sommes citoyens des cieux, et c’est ce que nous allons devenir pleinement.

Nous ne devons pas en rester au trouble que produisent ces tensions et contrastesIl faut qu’ils nous fassent grandir dans la foi.

Si nous sommes de simples êtres humains mortels, nous ne verrons pas de différence, mais si nous portons Dieu en nous, ça change quelque chose dans nos vies. Quand on entre quelque part, on se dit que Dieu rentre avec nous. Nous sommes des grains de sel là où nous allons. Il règne une saveur céleste quand nous sommes là.
Nous pouvons bénir les gens qui sont là où nous entrons. Nous serons l’eau vive qui vient de Dieu.
Si notre patrie n’est pas le monde mais la patrie céleste, ça change les choses. (2 Corinthiens 6.8-10).

Ne limitons pas notre vie chrétienne à de petites perspectivesUn espace est ouvert à nous si nous nous confions en Dieu. On a tous à le découvrir, à découvrir ce que Dieu veut pour nous. Si on fait cela, les choses vont changer.

Dans les trois passages que nous avons lus, il y a trois verbes s’arrêter, rester, aller.

S’arrêter (Actes 1.11)
Pourquoi est-ce que nous nous arrêtons ? Une situation, des doutes ou des circonstances de nos vies nous arrêtent parfois. On peut se dire : « Vu ce que je vis aujourd’hui, ai-je rêvé ou non ma foi ? »
Cela nous renvoie à la question de Luc 24.5 : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? »
Pourquoi les circonstances, les doutes nous arrêteraient-ils ?
C’est une exhortation à aller plus loin, à faire un pas de plus malgré tout.

Rester

« Restez à Jérusalem jusqu’à… » : jusqu’à ce que nous réalisions la présence de Dieu. Il s’agit de rester dans une attente active, pas défaitiste. Les disciples restaient là (ils avaient peur, peut-être ?), mais en même temps ils louaient et glorifiaient Dieu, étudiaient la Parole. (Actes 1.16).
Si nous avons eu tendance à nous arrêter dans notre cheminement et notre foi, restons jusqu’à ce que nous réalisions à nouveau la présence de Dieu. Nous sommes ici-bas, mais aussi là-haut : nous avons devant nous une perspective autre qu’un horizon bouché. Restons dans l’attente active de Dieu, du Saint-Esprit qui viendra sur chacun de nous.
Devenons porteurs de Dieu. Avec l’assurance de sa présence, ses promesses, on peut aller.

Aller

Si nous sommes arrêtés, restons dans la présence de Dieu, retrouvons les bonnes choses qu’il a pour nous, et nous pourrons « aller ». Il ne s’agit pas de changer de monde, d’être des « chrétiens martiens » qui ne sont pas dans le monde. Mais nous sommes là pour, peut-être, changer le monde.

On peut avoir une opinion élevée de ce que Dieu nous confie, être témoins ici-bas de celui qui est là-haut, et qui est, en plus, le « très-haut ». Ne nous arrêtons pas dans notre cheminement, restons dans la présence de Dieu, bénéficions de ce qui est réservé pour nous, pour aller, partager, témoigner, changer ce qui est autour de nous.

Christian De La Roque