La tentation de Jésus-Christ

Catégories : Paroles de dimanches

Luc 4.1-13

La tentation de Jésus-Christ homme est inhérente à chaque être humain. Jésus entièrement homme s’est fait proche de nous pour nous rapprocher de Dieu (Hébreux 4.15).
Jésus a été tenté comme nous ; il sait qu’être un homme ou une femme ne va pas sans obstacle. Ce que Jésus a enduré le rend capable de compatir avec nous ( compatir = « souffrir avec »).
Nous avons ici trois tentations qui sont universelles : chacun doit les affronter sur le chemin de sa vie.

 

Ce récit est compris entre le baptême de Jésus et son ministère public. La généalogie de Jésus s’inscrit dans l’histoire des hommes. Jésus a reçu une confirmation de qui il est lors de son baptême.

 

Au verset 1, Jésus est encore rempli de cette voix qui lui a dit : « Tu es mon Fils bien-aimé« . Jésus a été confirmé dans sa mission après trente ans de vie cachée.

 

Jésus est conduit par l’Esprit au désert. Il ne s’engouffre pas tout de suite dans sa mission. Il se laisse docilement écarter et conduire au désert : il n’y a pas d’impatience, de protestation, alors que Jésus aurait pu dire : « Il y a tant de besoins, la moisson est prête… » Jésus est écarté encore pour un temps de la vie publique.

 

Quand on doit vivre un changement, qu’on est appelé à quelque chose, à de nouvelles fonctions… on devrait laisser plus de place à l’esprit pour nous conduire à l’écart, dialoguer avec Dieu, relire notre vie. Cela nous permettra d’entendre le Seigneur nous dire : « Tu es mon fils bien-aimé ».

 

L’Esprit mène Jésus au désert « pour y être tenté« . (seul l’Evangile de Matthieu l’exprime ainsi). Dieu n’est pas celui qui tente, ce sont les circonstances : dans cette mise à l’écart, le tentateur va essayer de bouleverser les plans de Dieu.

 

Jacques 1.13
« Que personne, lorsqu’il est mis à l’épreuve, ne dise : « C’est Dieu qui me met à l’épreuve ». »

 

Au verset 2, nous voyons que Jésus a été tenté pendant quarante jours, tous les jours de cette période. Puis le diable s’est éloigné « jusqu’à la prochaine occasion » ou « pour un temps. » C’est une réalité que nous devonscomprendre et accepter Les tentations recommencent chaque jour. Le combat spirituel doit être inhérent à notre vie.

 

Jésus a faim. Pourtant on dit qu’après quarante jours de jeûne on n’a plus trop faim et que c’est difficile de remanger. Jésus a faim de nourriture physique mais il manque aussi de quelque chose d’autre (affectif, peut-être) et a le désir de le combler (comme la faim).

 

Au verset 3, le diable rentre en scène. Jésus a regardé en face tous les risques de dérapage que comporte sa mission. Après ces quarante jours, il est mûr pour accomplir sa tâche sans mobiles douteux.

 

  • 1 : la faim, v. 3 et 4

Le diable veut faire douter Jésus : « Si tu es…« . Nous avons la tentation d’assouvir nos besoins et de consommer tout ce qui se présente, de nous servir de tout ce qui nous entoure pour apaiser notre faim. Par exemple, nous aidons les autres pas parce qu’ils en ont besoin ou sont importants, mais par désir de gagner l’estime, la confiance. On peut donner mais aussi attendre beaucoup en retour.
Transformer la pierre en pain : mon travail, mes succès serviront à me rendre indispensable aux autres ; mes proches seront utilisés pour combler mes besoins affectifs, je les maintiendrai captifs.
Quand on se penche sur notre vie, on voit que nos motivations sont souvent à deux vitesses, il y a deux mobiles (un très noble, et un plus douteux). Jésus, lui, ne manipule pas les autres.

 

Le verset 4 fait allusion à une autre nourriture.

 

Deutéronome 8.3
« L’homme ne vit pas de pain seulement, mais… de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. »

Jésus oppose cette parole au tentateur. En effet, les besoins de l’homme sont aussi spirituels et comblés par la Parole de Dieu qui nous incite au dialogue avec Dieu et nous fait mieux connaître Dieu.
A la méditation de cette nourriture, notre faim biologique ou psychologique se convertit peu à peu, se calme et se transforme en désir de Dieu. Quand je suis bien nourri de cette « Parole-Présence » je peux servir sans envie d’être reconnu. Une source jaillit, qui ne vient pas de moi.

  • 2 : tentation du pouvoir, v.5-6

C’est une tentation très fondamentale à chacun d’avoir du pouvoir sur les autres. Chacun a conscience de ses faiblesses, de ses peurs, de son impuissance. Prendre le pouvoir = une promesse diabolique de tout maîtriser. On abaisse les autres, on voit cela dans la politique, dans le monde du travail, et aussi dans l’Eglise, dans toute communauté humaine. En blessant les autres (même en plaisantant) on a un ascendant sur eux.
C’est le pouvoir qui nous possède, ce n’est pas nous qui le possédons. Nous devenons un jouet entre ses mains. Nous pouvons en voir une illustration dans l’histoire du docteur Faust qui vend son âme au diable pour avoir davantage de génie. Il se retrouve le meilleur du monde, mais d’un autre côté, il perd sa faculté d’aimer.
Jésus a résisté à cette tentation en rendant à Dieu seul son obéissance.
Savons-nous respecter les autres dans le travail, la famille, l’église, ne pas les manipuler ?

 

  • 3 : image de Dieu, v.9-11

Jésus est invité à prouver qui il est. Nous sommes parfois tentés de nous servir à mauvais escient de notre spiritualité, de nous croire spéciaux. Par exemple, nous pouvons, à la suite d’une véritable expérience spirituelle, nous comporter comme si nous étions Dieu. D’autres peuvent alors succomber à la fascination et on devient un gourou.
Jésus veut parler aux hommes, les guider vers Dieu. Il ne cherche pas à attirer l’attention sur lui. A l’inverse, beaucoup de gourous, de mouvements spirituels veulent mettre Dieu à leur service.
Dans certaines réunions ou assemblées, on se focalise sur un homme qui a un don. Les foules sont-elles là pour Dieu ou pour assister à une prestation proposée qui s’apparente au show-business ?
Jésus a toujours fui la tentation d’être une vedette.
Jésus connaît, pour les avoir affrontées, les tentations. Alors il devient encore plus proche de nous.
Les tentations, quand elles sont bien identifiées, nous rendent plus forts.
Jacques 1.12 « Heureux l’homme qui endure l’épreuve ! En effet, après avoir été éprouvé, celui-là recevra la couronne de la vie qu’il a promise à ceux qui l’aiment. »

 

Pour affronter ces tentations, Dieu nous donne des outils, par exemple se mettre à l’écart et discerner sa route, sa vie, ses choix à la lumière de la Parole de Dieu. On peut être aidé par des frères désinterressés quand on fait face à des tentations parfois subtiles.
Sachons prendre du temps et utiliser les moyens que Dieu nous donne pour lutter.

 

1 Corinthiens 10.13
« Aucune épreuve ne vous est survenue qui n’ait été humaine ; or, Dieu est digne de confiance : il ne permettra pas que vous soyez mis à l’épreuve au-delà de vos forces ; avec l’épreuve il ménagera aussi une issue, pour que vous puissiez la supporter. »

Didier Benkemoun