Aimer, un choix et un sentiment

Catégories : Paroles de dimanches

Soeur Emmanuelle avait l’habitude de dire à ceux qu’elle rencontrait : « Il suffit d’aimer » et « Qu’est-ce que tu fais, toi ? » « Qu’est-ce que tu fais pour les autres ? »

Saint-Augustin a dit : « Aime et fais ce que tu veux ».

Luc 10.25-37

On a peut-être vécu des choses difficiles et un « bon samaritain » est venu nous secourir. Nous pouvons témoigner de cela.

Dans le récit de Jésus et du jeune homme riche (Marc 10.17-22) on lit au verset 21: « Jésus le regarda et l’aima ». Ce regard est un geste profond d’amour pour cet homme. De même pour nous, il y a des gestes de la vie quotidienne qui nous ont touchés à des moments précis.

Les samaritains étaient des gens très mal considérés par les juifs.

La Samarie = le royaume du Nord, créé au 9ème siècle avant J.C.

Au 7ème siècle, tous ses habitants ont été déportés et on a amené d’autres personnes qu’on a appelées les samaritains. Ils adoraient des idoles et avaient en même temps une certaine foi dans le Dieu d’Israël. 1 Rois 16, 2 Rois 17, Esdras 4.

Quand les juifs reviennent, la rivalité devient de plus en plus grande entre eux et les samaritains. Les samaritains vont même mettre des ossements humains dans le temple pour le souiller, ce qui est un sacrilège pour les juifs. Le mot « samaritain » devient l’insulte ultime. (Jean 8.48).

Les samaritains sont considérés comme impurs dès le berceau, comme des renégats, pire que les païens.

Jésus va mettre en scène un samaritain : c’est très provocateur.

Il y a 4 points principaux dans les questions du scribe :

1 Luc 10.25. Le but du scribe était de tendre un piège à Jésus. Ce n’est pas un but excellent pour entrer en relation avec quelqu’un !
2 « Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Ce « faire » indique une chose précise qu’on fait ponctuellement. L’enseignant de la loi restreint les choses, il espère qu’il n’a qu’une seule chose à faire. C’est comme si un enfant demandait à son père ; « Qu’est-ce que je dois faire pour avoir ton héritage ? » On limite Dieu (par exemple, il suffirait du baptême pour avoir la vie éternelle). Ce spécialiste de la loi voulait limiter l’action de Dieu dans sa vie ; pour Jésus, quand il dira à la fin « toi, fais de même », il s’agit au contraire, de « faire, et continuer de faire tout le temps ».
3 V. 27. Comment connaître mieux Dieu, que faire pour l’aimer ? Voilà les questions qu’on pourrait poser. Quand on ignore l’amour de Dieu, on ignore qui est notre prochain.
4 Il y a plein de prochains. On pourrait demander : « Qui n’est pas mon prochain ? » Le scribe veut restreindre le champ d’action. Il demande : « Et qui est mon prochain ? » Si Jésus avait répondu : le samaritain, il n’aurait pas été d’accord. Il y avait chez le scribe une volonté d’exclure des personnes. Quel est le prochain que je peux aider aujourd’hui ?

Le sentiment d’aimer :

Dieu nous aime d’abord et c’est son amour qui nous permet de nous aimer nous-même et d’aimer les autres.

Aimer est un choix, mais ce n’est pas seulement un concept, c’est aussi un sentiment.

Dans la Bible, la joie revient 350 fois, la colère 400 à 600 fois, la haine 100 fois, l’amour 600 fois.

Dieu et Jésus expriment des sentiments. Les sentiments se manifestent particulièrement aussi dans le livre des Psaumes.

Dieu nous a créés avec nos sentiments. Ils ont une raison d’être, ils ne sont pas inutiles, pas néfastes. Il faut les utiliser. Ils sont comme des voyants lumineux à comprendre, à tester, dont on a à se servir.

Quand Jésus rencontre le jeune homme riche, c’est comme si à ce moment précis quelque chose se passait : « Jésus le regarda et l’aima ». ( Pourtant Jésus l’aimait déjà avant). Pour nous aussi, parfois il se passe des choses plus fortes avec certaines personnes.

Quand Jésus est allé dans le temple, il a vu ce qui s’y déroulait, mais il n’a mis en action sa colère que le lendemain en chassant les marchands du temple.

Il faut savoir si nos sentiments sont adaptés ; certains mènent à la destruction.

La colère peut être constructrice. Par exemple, William Wilberforce a lutté 40 ans contre l’esclavage, avec colère : c’était normal !

Mais d’autres colères peuvent provoquer l’amertume et nous détruisent nous-mêmes. « La colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu « . (Jacques 1.20).

On peut développer l’amour et arrêter des sentiments qui lui sont opposés (haine, amertume…). Développer l’amour vrai : disposition à vouloir le bien de quelqu’un d’autre et s’investir pour lui, dans sa vie, sans avoir de l’intérêt, passer du temps, avoir pour lui un attachement désintéressé.

Aimer Dieu, soi-même et notre prochain fait appel à notre volonté et aussi à nos sentiments à développer dans ce sens-là.

Il faut faire appel à la grâce de Dieu. En tant qu’humain, on ne peut pas toujours « réparer » ce qui n’est pas assez ou trop développé en nous. Faisons appel à des outils tels que la psychologie, les lectures, mais surtout à la grâce de Dieu qui sait comment nous fonctionnons et sait développer les bons sentiments dans notre vie.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais ? »

« Pourvu que vous les pratiquiez » ( Jean 13.17 ) : pas une fois, mais dans toute notre vie.

Des gestes de tous les jours, pas seulement des grands gestes ou l’action dans des circonstances particulières : sourire, signe d’affection, parole encourageante.

Que le Seigneur nous aide à saisir les moments où on peut encourager quelqu’un, être près de lui.

Aimer, c’est être sensible à ce que vit l’autre. L’amour vrai laisse l’autre prendre sa liberté et ne va pas nous diminuer, mais nous grandir. On est content d’aider les autres, cela nous grandit. Malgré tout, on est toujours un peu intéressé, seul Dieu a vraiment l’amour vrai.
Christian de La Roque