Martin Luther King, un exemple de foi, d’amour et de service

Catégories : Paroles de dimanches

Les extraits sont tirés du livre : « prier 15 jours avec Martin Luther King » de Christian Delorme, Broché, 2008, Nouvelle Cité.

De 1861 à 1865 se déroule la guerre de Sécession. Les états du sud voulaient garder les esclaves, et ceux du nord désiraient les libérer. Une guerre a alors éclaté, et les états du nord l’ont emporté.

Martin Luther King est arrivé presque un siècle plus tard.

En 1863, pendant la guerre de Sécession, Abraham Lincoln va abolir l’esclavage. C’est une date charnière pour les États-Unis. En effet, depuis quatre siècles (du 15ème au 19ème siècles) l’esclavage avait cours dans ce pays.

Nous voyons un parallèle avec le peuple d’Israël qui a été esclave en Égypte pendant quatre siècles. Au bout de ces quatre siècles eut lieu la libération tant attendue, comme Dieu l’avait annoncé.

De 1730 à 1750 a lieu un grand réveil aux USA, en Angleterre… Ce réveil a secoué le monde entier. Les grandes figures : Charles Finney, Whitfield, Edwards, les frères Wesley…

Le peuple noir en esclavage aux USA a été aussi touché par ce réveil, qui a marqué le début des Negro-Spirituals. (Par exemple : « Go down, Moses », dont une partie des paroles est « Laisse partir mon peuple », premier Negro-spiritual édité, en 1863). Imaginons l’écho que pouvait avoir ce chant chez les esclaves…

Leur foi en Dieu était grandissante, l’espérance s’est fortifiée : le Seigneur allait libérer son peuple, comme il l’avait fait pour le peuple d’Israël esclave en Égypte.

En 1863 l’arrière grand-père de Martin Luther King était esclave et pasteur d’une communauté. Ensuite son grand -père et son père aussi furent pasteurs et déjà engagés dans la lutte pour les droits du peuple noir.

Après l’abolition de l’esclavage se met en place une ségrégation, une séparation très rude et oppressive entre noirs et blancs, une exploitation aussi. Par exemple, dans les bus les noirs sont à l’arrière, les blancs à l’avant ; les noirs n’ont pas le droit de traverser la partie du bus réservée aux blancs. Il y a des restaurants pour blancs et d’autres pour noirs. Il n’y avait pas de noirs dans l’administration, peu d’entre eux votaient…

Martin Luther King naît en 1929. Il est issu de toute cette histoire-là, qui l’a préparé à ce qu’il va vivre. Il est préparé par sa famille, ses études (théologie), ses rencontres. Il a entendu des témoignages sur Gandhi et sa lutte non violente et a fait connaissance avec des personnes qui l’avaient rencontré. Ses lectures (la Bible surtout), la prière vont aussi jouer un grand rôle.

Quand il devient pasteur, il choisit d’aller dans le sud des USA pour être avec ceux qui souffrent. En 1953 il arrive à Montgomery et là tout commence !

Rosa Parks, femme de ménage, rentre de son travail fatiguée, un soir. Elle refuse de laisser sa place à un blanc. Elle sera emprisonnée quelques jours.

A la suite de cet événement, tous les responsables des Églises de la ville se rencontrent et décident un boycottage des bus. Le mot d’ordre est passé le dimanche lors des cultes. Ce boycottage va durer 382 jours, et aura des conséquences économiques : le chiffre d’affaire des compagnies de bus chute, car la majorité de leurs clients étaient des noirs. D’autre part, la pression exercée met en relief l’injustice.

Au bout d’un an, la ségrégation est interdite dans les bus partout aux USA. Les noirs ont gagné, et Martin Luther King les exhorte à remonter dans les bus avec une attitude humble. Il leur demande d’aimer leurs ennemis.

C’est dans la nuit du 27 janvier 1956 que Martin Luther King a vraiment eu la révélation de sa vocation prophétique. En ayant accepté d’être le leader du mouvement de boycott des autobus de Montgomery, il s’est exposé à toutes les attaques. Sa famille et lui sont menacés et harcelés à plusieurs reprises. Cette nuit-là, un appel téléphonique haineux le plonge dans une forte déprime. Il se sent sur le point de tout abandonner. Et puis, soudain, devant sa tasse de café, il se met à prier à haute voix : Seigneur, me voici — essayant de faire ce qu’il faut faire. Je pense que j’ai raison. Je pense que la cause que nous représentons est juste. Mais, Seigneur, je dois avouer qu’aujourd’hui je suis faible, je suis en train de craquer, de perdre courage. Interviens, Seigneur, et donne-moi la force nécessaire. A cet instant, le jeune pasteur entend une voix intérieure lui dire: «Martin Luther, lève-toi. Lève-toi pour le droit, lève-toi pour la justice, lève-toi pour Ia vérité. Et je serai avec toi. Même jusqu’à la fin du monde. » Dix ans après, le Docteur King racontait toujours ce moment-là avec une immense émotion. « Oui, je vous le dis, commentait-il dans une prédication, j’ai vu l’éclair. J’ai entendu le grondement du tonnerre. J’ai entendu les forces du mal se jeter sur moi, essayant de s’emparer de mon âme. Mais j’ai entendu la voix de Jésus me disant de poursuivre le combat. Il promit de ne jamais m’abandonner, de ne jamais me laisser seul. Non, jamais seul. Jamais seul. Il a promis de ne jamais m’abandonner, de ne jamais me laisser seul. Et maintenant je marche, en croyant en lui. »

Une grande bataille s’engage à Birmingham (surnommée « Bombingham », car 50 attentats ont lieu dans cette ville entre 1945 et 1962). C’est une des villes les plus racistes. Les noirs font des sit-in, s’installant dans les bars et restaurants pour blancs. Ils sont matés de façon violente. Des manifestations pacifiques ont lieu aussi et sont réprimées violemment.

Le 2 mai, 1000 personnes dont une majorité d’adolescents manifestent et, sous les instigations haineuses du chef de la police et du maire, sont réprimées avec des lances à incendie et les policiers lancent leurs chiens, bon nombre sont mis en prison.

Le dimanche suivant, le 5 mai, une nouvelle manifestation se forme, avec cette fois-ci trois mille participants. Les marcheurs ont décidé de se rendre à la prison et chantent encore des cantiques et des hymnes à l’amour, à la justice et à la liberté, notamment: Je veux que Jésus marche avec moi. Tout entier dévoré par la haine, Connor (le chef de la police) ne cesse de répéter : «Je vais les abattre ces satanés fils de chiennes.» Lorsque les marcheurs arrivent au contact des forces de l’ordre, un des leaders noirs lance aux policiers: «Nous ne rebrousserons pas notre chemin. Nous n’avons rien fait de mal. Tout ce que nous demandons, c’est notre liberté. Que ressentez-vous en agissant ainsi? Lâchez vos chiens. Battez-nous. Nous ne reculerons pas. » Se retournant alors vers ses hommes, « Bull » Connor hurle: «Au diable, branchez les lances!». Mais rien ne se produit. Plusieurs manifestants se sont agenouillés et prient. Connor répète son ordre d’ouvrir les lances à incendie. Mais aucun de ses hommes ne bouge. Les manifestants reprennent alors lentement leur marche. Des pompiers descendent de leurs engins, d’autres retirent leurs casques. Plusieurs pleurent. Quant aux policiers avec leurs chiens, ils reculent et laissent passer la foule. Ce jour-là, la ségrégation s’est effondrée à Birmingham. Les jours suivants les négociations peuvent débuter pour mettre fin à plusieurs lois injustes. «J’ai vu là, j’ai ressenti là, pour La première fois, la fierté et la puissance de la non-violence» reconnaîtra King.

Des négociations débutent alors.

Le 13 mai un attentat contre Martin Luther King échoue.

Le 21 mai, le maire de la ville et le chef de la police, qui haïssaient les noirs, sont forcés de démissionner. C’est la fin de la ségrégation dans cette ville, après deux mois de combats !!

Avant ces marches et manifestations, les gens se rassemblaient pour prier et louer le Seigneur. Cela leur donnait la force.

En 1963, c’est l’heure de gloire. Une marche sur Washington est organisée, pour réclamer la suppression de toute ségrégation et le droit de vote pour les noirs. Cent ans se sont écoulés depuis l’émancipation des esclaves, et maintenant les gens veulent aller plus loin.

John Kennedy sera assassiné un peu plus tard.

Mais des lois anti-ségrégationnistes sont votées.

En 1964, Martin Luther King reçoit le Prix Nobel de la paix. Le plus jeune, il a 35 ans !

Une partie de la communauté noire ne va plus le suivre et va s’engager dans une lutte violente avec Malcom X et le Black Power.

Le regard des blancs sur la communauté noire a changé. L’injustice pousse à la violence, mais Martin Luther King a eu une influence contre cette violence.

Le 4 avril 1968, Martin Luther King est assassiné. Il avait conscience qu’il allait mourir de façon prématurée.

«Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur. Ce qui va m’arriver maintenant n’importe guère. Nous avons devant nous des journées difficiles. Mais peu importe ce qui va m’arriver maintenant. Car je suis allé jusqu’au sommet de la montagne. Et je ne m’inquiète plus. Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps. La longévité a son prix. Mais je ne m’en soucie guère maintenant. Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m’a permis d’atteindre le sommet de la montagne. Et j’ai regardé autour de moi. Et j’ai vu la Terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre promise. Ainsi je suis heureux, ce soir. Je ne m’inquiète de rien. Je ne crains aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur » (discours à Memphis, le 3 avril 1968).

Trois thèmes qui devraient nous toucher :
La foi, la confiance en Dieu
L’amour et la justice
Le service

Dans notre société sécularisée, on sépare ce que Martin Luther King a fait de ce qu’il était. Mais c’est dans sa foi que se trouve la racine de ce qu’il a fait, de son inspiration. Il y a là quelque chose à copier pour nous. Même dans les moments difficiles vécus par le peuple noir, confronté à la haine, au mépris, aux menaces de mort… la confiance en Dieu était plus forte. Ils avaient confiance qu’ils auraient leurs lois contre la ségrégation, et que dix ans plus tard les gens trouveraient normal que ces lois aient été votées.

«Surtout, nous devons nous remettre en mémoire que Dieu est à l’oeuvre dans son univers. Il n’est pas en dehors du monde, le regardant de loin avec une sorte de froide indifférence. Sur toutes les routes de la vie, il participe à notre combat. Comme un Père toujours aimant, il oeuvre dans l’histoire pour le salut de ses enfants. Quand nous luttons pour vaincre les forces du mal, le Dieu de l’univers est là qui combat avec nous. Le mal meurt sur le rivage de la mer, non seulement en raison de la lutte incessante de l’homme contre lui, mais à cause de la puissance qu’a Dieu de le défaire.»

« Quelque chose se trouve au plus profond de notre foi qui nous rappelle que le Vendredi Saint (jour de la crucifixion de jésus) peut régner un jour mais qu’il doit ultimement céder la voie au rythme triomphant des tambours de Pâques (jour de la résurrection de Jésus). Le mal peut façonner les événements de telle sorte que César siège dans un palais et le Christ sur une Croix ; mais un jour ce même Christ se lèvera et fendra l’histoire en deux parties: avant Lui et après Lui ; et même la vie de César sera datée par Son Nom. »

Aujourd’hui on voit le chemin parcouru (des noirs ont des places dans le gouvernement…). Martin Luther King avait confiance en Dieu, il avait une relation profonde avec lui.

L’Évangile = amour et justice. Dieu nous aime et nous rend justes, il fait tomber la condamnation sur Jésus. L’homme n’a plus qu’à répondre à cet amour et à cette justice de Dieu. Si nous enlevons un de ces deux éléments, ce n’est plus l’Evangile.

« C’est un amour fort qui va jusqu’à aimer nos ennemis tout en réclamant justice, pour entraîner l’ennemi dans la victoire de l’amour, pas pour l’écraser. Quelle est donc notre conclusion? Aimez-vous vous- mêmes, d’un intérêt raisonnable et sain ; c’est la longueur de la vie. Aimez votre prochain comme vous-mêmes ; c’est la largeur de la vie. Mais n’oubliez jamais qu’il y a un premier commandement : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit » ; c’est la hauteur de la vie.

« Toute vie achevée a les trois dimensions indiquées par notre texte Ap 21,16: longueur, largeur et hauteur. La longueur de la vie est la démarche intérieure de chaque homme en vue de ses fins et ambitions personnelles, le souci intérieur pour le bien-être et la réussite. La largeur de la vie est la préoccupation extérieure du bien-être d’autrui. La hauteur de la vie est la montée vers Dieu. La vie vraiment achevée est un triangle cohérent. »

« De toutes parts nous sommes appelés à travailler sans repos afin d’exceller dans notre carrière: il n’y a pas de travail insignifiant. Tout travail qui aide l’humanité a de la dignité et de l’importance; il doit donc être entrepris avec une perfection qui ne recule pas devant la peine. Celui qui est appelé à être balayeur de rues doit balayer comme Michel-Ange peignait ou comme Beethoven composait ou comme Shakespeare écrivait. Il doit balayer les rues si parfaitement que les hôtes des cieux et de la terre s’arrêteront pour dire: « Ici vécut un grand balayeur de rues qui fit bien son travail. » »

« Reste une troisième dimension d’une vie vraiment achevée: sa hauteur, ce qui nous élève vers quelque chose de plus grand que l’humanité. Nous devons nous dresser au-dessus de la terre, et faire allégeance à cet Être éternel qui est le fondement de toute réalité. Si nous ajoutons la hauteur à la longueur et à la largeur, nous assurons à la vie son parfait achèvement.»

Le mot amour n’a rien à voir ici avec une quelconque émotion tendre ou sentimentale. Il serait absurde d’exiger des gens qu’ils éprouvent une chaude affection pour leurs oppresseurs. Dans notre contexte, amour signifie compréhension, bonne volonté rédemptrice. C’est un amour débordant, qui jaillit spontanément et sans raison, gratuit, créateur. Les qualités ou les fonctions de celui qui en est l’objet n’entrent pas en ligne de compte.

« A nos adversaires les plus farouches, nous disons: à votre capacité d’infliger la souffrance, nous opposerons notre capacité d’endurer la souffrance. A votre force physique, nous répondrons par la force de nos âmes. Faites-nous ce que vous voulez et nous continuerons à vous aimer. Nous ne pouvons, en toute bonne conscience, obéir à vos lois injustes, car la non-coopération avec le mal est, autant que la coopération avec le bien, une obligation morale. Jetez-nous en prison et nous vous aimerons encore. Envoyez à minuit dans nos communautés vos cagoulards perpétrer la violence et nous laisser à demi morts, et nous vous aimerons encore. Mais soyez assurés que nous vous conduirons à l’épuisement par nos capacités de souffrir. Un jour nous gagnerons la liberté, mais pas pour nous seuls. Nous lancerons à vos coeurs et à vos consciences un tel appel que nous vous aurons gagnés en chemin et que notre victoire sera une double victoire. »

«Nous devons garder Dieu au premier plan. Soyons chrétiens clans toutes nos actions. Je veux dire qu’il n’est pas suffisant de parler d’amour. L’amour est l’un des sommets de la foi chrétienne. Mais il y a un autre aspect qui est la justice. La justice qui est l’amour en acte, l’amour corrigeant tout ce qui s’oppose à l’amour. Le Dieu tout-puissant n’est pas là juste pour dire: « Regarde, je t’aime. » Il est aussi le Dieu qui se tient devant les nations et leur déclare: « Calmez-vous et reconnaissez que je suis Dieu, et que si vous ne m’obéissez pas, je vais briser les reins de votre pouvoir. Aux côtés de l’amour se tient toujours La justice. »

« Dans la lutte nous avons poursuivi notre marche dans la foi que nous avions un compagnon cosmique et qu’au fond, l’univers est du côté de la justice. »

La force de l’amour permettra à la non-violence de s’exprimer.

Servir : Martin Luther King insistait sur ce qui lui paraissait essentiel, dans les derniers mois de sa vie. Il a fait un sermon sur les fils de Zébédée. Jésus ne leur reproche pas leur question, mais il inverse l’ordre des priorités. (Matthieu 20.20-23).

« Pour servir, vous n’avez pas besoin d’accorder vos verbes avec vos sujets, pour servir, vous n’avez pas besoin de connaître Platon et Aristote, pour servir vous n’avez pas besoin de comprendre la théorie d’Einstein sur la relativité, pour servir vous n’avez pas besoin d’être fort en physique ni de connaître la seconde théorie de la thermodynamique, pour servir vous avez seulement besoin d’un cœur touché par la grâce, d’une âme engendrée par l’amour. Et vous pouvez être ce serviteur. »

Car dénoncer et promettre ne suffisent pas: il faut aussi donner l’exemple. L’amour ne se prouve pas par des mots: il se montre dans des vies données. On a besoin de le voir à l’oeuvre.

En conclusion : Jésus est venu pour servir, par amour, et pour la justice, pour que la condamnation ne tombe pas sur nous, il est mort sur la croix pour nous.

Notre réponse c’est la foi, notre confiance en lui et ce qu’il a fait. Plus l’amour va grandir, plus nous aurons le désir de servir.

Nous aimer nous-mêmes, aimer les autres, aimer Dieu sont à développer dans nos vies.

Un des signes d’épanouissement de cet amour sera : le service des autres.